Ce musée est mon préféré. Compact, remarquablement bien conçu, il n’y a pas de bousculade, il est en général assez calme, à l’exception du Salon bleu, où l’on trouve les célèbres œufs du créateur. Au total, le musée rassemble quasiment 4 000 œuvres, constamment enrichies par de nouvelles acquisitions. Mais le joyau des lieux, ce sont bien sûr 14 œufs luxueusement ouvragés, parmi lesquels 9 proviennent de la Maison impériale, cadeaux des empereurs Alexandre III et Nicholas II aux impératrices Maria Fiodorovna et Alexandra Fiodorovna, leurs épouses respectives. Chaque œuf est un authentique chef-d’œuvre.
Ce musée sera un ravissement pour qui aime l’Histoire et les beaux objets, dont certains joyaux qui paraissent doués de vie, comme s’ils étaient encore animés par les doigts de l’empereur Nicholas II et de la dernière impératrice russe Alexandra sous leurs regards admiratifs. De nombreuses œuvres de la collection cachent des destins parfois tragiques, certaines ayant souvent changé de mains depuis la révolution de 1917!
Malcolm Forbes, un éditeur américain en recherche de nouveaux joyaux sur le marché des antiquités, découvrit dans les années 1960 un porte-cigare d’or créé par Karl Fabergé. Il l’acquit alors pour l’offrir à son épouse à Noël, et c’est ainsi qu’est née sa passion pour les œuvres du célèbre joaillier. Il réussit au long de sa vie à rassembler une douzaine des précieux œufs.
On pourrait croire que chaque œuf cache quelque chose, c’est d’ailleurs à partir de cette idée qu’en 1975, la société Ferrero a créé Kinder Surprise. Pour autant, c’est un mythe. Certains, comme l’œuf dit des « 15 ans du règne » ne contiennent rien, même si sa valeur et sa beauté n’en sont pas amoindries grâce aux miniatures d’émail qui le décorent et au somptueux diamant plat qui est fiché à son sommet.
Les Objets de Fantaisie occupent un stand du musée et sont absolument charmants. Karl Fabergé s’avérait être un bon psychologue et fin connaisseur du marketing. Il avait compris que les bijoux lourds sont beaux, mais que le monde a soif de nouveautés, et il a souvent innové en créant de très chères bagatelles précieuses, souvent aussi utiles qu’agréables à l’œil. Ainsi, la tête du bouledogue est en réalité un pilulier. Les yeux et les dents du chien sont des diamants. Une chaise à porteurs minuscule qui éblouit grâce à son émail couleur vert-pomme est en fait un support pour les crochets à tricoter… La petite porte entrouverte préserve une impression parfaite, les petits canapés, le support pour les pieds, la porte minuscule et sa petite poignée : tout est là comme s’il s’agissait d’une réele chaise à porteurs! Il ne s’agit là que de quelques exemples des magnifiques objets à découvrir dans ce musée que je conseille absolument.
